lundi 27 avril 2009

L’insalubrité à Dakar


UNE FIN DE SEMAINE EN BANLIEUE

Samedi, il est midi en plein cœur de Bagdad, un quartier très populaire de Guédiawaye dans la banlieue de Dakar. Ici, les habitations sont serrées, les ruelles qui parcourent le quartier sont très étroites et la plupart ne mènent nulle part. Ce la est du à une occupation anarchique et un manque de lotissements des terrains. A l’entée d’une des ruelles, des femmes vendent des friandises aux deux bords, un peu plus loin, de jeunes garçons se sont réunis autour d’un baby- foot et parient de l’argent. Ils se disputent et deviennent parfois violents. Devant les maisons qui se situent à droite de la ruelle se trouvent plusieurs femmes qui font le linge et, près d’elles se trouvent d’innombrables poubelles débordées de saleté, les eaux usées émanant des maisons se déversent et conduites par des tuyaux se déversent dans la rue. Selon Aissata Fall, une des lingères « les camions VEOLIA ne viennent pratiquement pas par ici, on reste des semaines sans les voir et s’ils viennent c’est dans les quartiers voisins qu’ils s’arrêtent » et à une autre lingère qui a préféré garder l’anonymat d’ajouter « c’est trop loin, on est obligé de courir quand on entend la sonnerie pour y aller verser les ordures et si on rate le camion on est obligé de creuser des trous pour enterrer les ordures ». A côté de ces femmes certains enfants lavent les moutons et d’autres jouent au ballon à pied nu dans la ruelle inondée par les eaux souillées. On peut y voir des trous remplis de restes de poisson. A environ quinze mètres de là, Nogaye Guèye, une femme âgée de la trentaine vend du pain et du thon sur une table, les clients sont nombreux autour d’elle et à côté d’elle, une fille agite un éventail pour chasser les mouches qui survolent sans cesse le panier de thon. Inter peler sur l’insalubrité dans le quartier, elle s’insurge contre l’Etat, elle avoue « nos enfants jouent dans la saleté et contractent souvent des maladies. L’Etat ne fait rien pour améliorer la situation, c’est comme si nous ne faisons pas partie du Sénégal » concernant l’assainissement « on a beau fait pour se protéger contre les mouches, les moustiques et les microbes mais on y peut rien » poursuit- elle avant de terminer, résignée « c’est Dieu qui nous protège. On sait que la situation est dangereuse mais on s’en remet à Dieu ». Juste derrière ces maisons construites la plupart en bois, on peut voir les nappes d’eaux usées depuis les inondations de la dernière saison des pluies. Du côté des habitants, c’est l’inquiétude qui y règne ; ils craignent de nouvelles catastrophes naturelles d’autant plus que l’hivernage s’approche.

Reportage de Mamadou D. BARRY

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